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Ce projet de loi, qui vise à modifier certaines dispositions du Code Criminel concernant le discours haineux, a été perçu par certains comme une menace imminente à la liberté d'expression des chrétiens, en particulier en ce qui concerne l'éthique sexuelle. Cependant, après une analyse approfondie, il apparaît que les inquiétudes soulevées par ce projet de loi, bien que légitimes, sont largement exagérées.
Analyse du projet de loi C-367
Le cœur du projet de loi réside dans l'abrogation des sections 319(3)b et 319(3.1)b du Code Criminel, qui offrent une défense contre les accusations d'incitation à la haine lorsque les propos sont tenus dans un contexte religieux de bonne foi. Contrairement aux craintes exprimées, cette modification ne vise pas à criminaliser la foi chrétienne ou les textes religieux, mais plutôt à retirer une défense spécifique dans les cas de discours haineux justifiés par des croyances religieuses.
Il est essentiel de reconnaître que le concept de criminaliser le discours haineux trouve ses racines dans des principes chrétiens fondamentaux, notamment l'idée que tous les êtres humains sont créés à l'image de Dieu (Imago Dei) et méritent donc un respect inhérent. Cette perspective est non seulement alignée avec les enseignements de l'Évangile, mais elle est également une pierre angulaire de notre société qui valorise les droits de l'homme.
Impact potentiel et intentions
Quant à l'impact potentiel de l'adoption de ce projet de loi, il semble limité. La défense contre les accusations d'incitation à la haine basée sur la bonne foi religieuse est déjà fortement encadrée par la jurisprudence, qui exige une interprétation stricte de la "bonne foi". Par conséquent, les craintes d'une application large et arbitraire du terme "haine" paraissent infondées, compte tenu de l'approche nuancée et contextuelle adoptée par les tribunaux canadiens.
Toutefois, il n’est pas impossible qu’une définition plus large de discours haineux puisse se développer dans l’avenir. C’est pourquoi nous considérons que le projet de loi C-367 risque d’enlever une protection qui pourrait un jour s’avérer nécessaire pour protéger la liberté d’expression et de religion.
Malgré cela, il est important de considérer les motivations politiques potentielles, sachant que le paysage législatif et politique est complexe et souvent influencé par diverses stratégies partisanes. Il ne nous est pas clair si l’intention du bloc, en déposant ce projet de loi, est de véritablement offrir une protection supplémentaire aux communautés victimes de discours haineux, ou de mobiliser un électorat qui a une opinion très négative de la religion.
Autrement dit, on craint souvent l’instrumentalisation du politique par le religieux, mais ce qu’on constate le plus souvent, c’est l’instrumentalisation politique de la crainte du religieux.
Réaction appropriée
Face à ce projet de loi, il est conseillé d'adopter une approche mesurée, favorisant le dialogue et la compréhension plutôt que la confrontation. Il est crucial pour la communauté évangélique de maintenir une bonne conduite, comme encouragé par l'apôtre Pierre, afin de témoigner positivement de ses valeurs et convictions dans l'espace public.
Ayez au milieu des païens une bonne conduite, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes œuvres, et glorifient Dieu, au jour où il les visitera. - 1 Pierre 2.12
En conclusion, bien que le projet de loi C-367 soulève des questions légitimes concernant l'équilibre entre la lutte contre le discours haineux et la préservation de la liberté d'expression religieuse, il apparaît que les inquiétudes initiales quant à une restriction significative de cette liberté sont exagérées. Le débat autour de ce projet de loi offre une opportunité pour la communauté évangélique de réaffirmer son engagement envers les principes de respect, de dignité humaine, et de dialogue constructif, valeurs fondamentales à la fois du christianisme et de la société canadienne.